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Entre Washington et Pékin, l'Europe doit choisir l'Afrique.


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Boursouflé par une mondialisation mal digérée, Donald Trump a déclenché une guerre commerciale - qualifiée de "politique économique la plus stupide de l'histoire" par le Wall Street Journal - où s'affrontent deux superpuissances. Avec d'un côté l'isolationnisme des Etats-Unis et de l'autre, l'expansionnisme de la Chine, le Vieux Continent se retrouve propulsé dans un carrefour stratégique piégé. Prise de court, l'Europe réalise qu'elle est vulnérable et seule. Sous la bannière de Make America Great Again, ses alliés américains la traitent désormais de "parasite" et la méprisent pour sa servilité, tandis que les chinois l'aiment pour sa naïveté. Mais dans une guerre qui n'est pas la sienne, elle doit faire des choix déterminants. Or, soumission ou confrontation, l’Europe perd dans les deux cas.


L’Europe dépend de l’armement américain, de son énergie, de ses géants du numérique, de son marché pour le luxe et l'alimentation, tout en subissant des injonctions unilatérales. Et même en s’alignant docilement, elle n’échappe pas aux sanctions ni aux humiliations. La dépendance européenne expose ses économies à des exigences toujours plus coûteuses et les pressions exercées par Washington deviennent insoutenables. Face à la Chine, le dilemme est tout aussi cruel. Une coopération renforcée pourrait certes diminuer l’inflation grâce à l’arrivée massive de produits bon marché, mais cela se fera au prix d'un effondrement des dernières industries européennes. S’ouvrir, c’est accepter l’invasion des surcapacités chinoises : véhicules électriques, panneaux solaires, textiles. Inversement, durcir les relations avec Pékin déboucherait sur des représailles économiques. Bref, l’Europe n’a que des coups à prendre.


Pour sortir de cette impasse, l'Europe doit élargir son horizon. L’Afrique est jeune avec plus de 1,3 milliards d'âmes à enrichir pour leur permettre de pouvoir consommer européen. Elle manque d’infrastructures, de capitaux, d’industries de transformation, de systèmes éducatifs robustes. Tout ce que l’Europe sait offrir. Prenons l’exemple de la transition énergétique. Le continent regorge de soleil, de terres rares – autant d’atouts pour construire des chaînes de valeur dans l'industrie bas carbone. Voilà un modèle concret, à la croisée des intérêts africains et européens. L’Afrique est courtisée par de nombreuses puissances émergentes – Chine, Russie, Turquie, pays du Golfe, et même l’Inde qui, sous couvert d’une rhétorique anti-occidentale, reproduisent des pratiques d’exploitation économique, en s’alliant sur place avec des élites corrompues. Or, l’Europe en misant sur les droits humains, les normes sociales et environnementales parlera aux populations. Autre exemple : alors que certains africains risquent leur vie en Méditerranée pour rejoindre l’Europe, pourquoi ne pas inverser la logique et faire venir l’Europe en Afrique ? Avec des projets comme la mise en place d’universités européennes en Afrique, l’Europe répondrait, non par des murs, mais par des ponts.


L’heure n’est plus aux stratégies paresseuses. L’Europe doit trouver une ambition stratégique propre, une politique étrangère fondée sur la projection positive de ses valeurs, de ses savoirs, de ses technologies. L’Afrique ne doit plus être un "plan B" ; elle est la voie principale si l’Europe veut être un acteur mondial crédible. Un autre monde est possible où l’Europe plutôt que d'être en éternelle position de suiveur et d'infériorité permanente face aux Etats-Unis, deviendrait l’architecte d’un nouveau multilatéralisme afro-européen. Il ne s’agit pas de générosité, mais de clairvoyance. Pour l'instant, c'est la nouvelle administration américaine qui organise à Washington des accords de paix entre la RDC et le Rwanda contre les minerais stratégiques du sous-sol congolais, sans une initiative de l'Europe pourtant si proche, géographiquement, historiquement et culturellement.

 
 
 

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