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La fin de l'USAID en Afrique : une catastrophe révélatrice.


Stupeur, indignation, désarroi : l’annonce du gel pour 90 jours des fonds de l’USAID, décrété en janvier 2025 par Donald Trump, a provoqué une onde de choc. Avec un budget colossal de 42 milliards de dollars, représentant 42 % de l’aide humanitaire globale, l’agence américaine est un pilier essentiel de la solidarité internationale. Son arrêt brutal expose la dépendance de nombreux pays, particulièrement en Afrique, qui subit aujourd’hui un coup de massue dévastateur. En 2023, pas moins de 17,4 milliards de dollars ont été injectés sur le continent, et 17 nations, majoritairement en Afrique subsaharienne, bénéficiaient chacune de plus de 100 millions de dollars pour des programmes de santé.


L’Afrique est le premier bénéficiaire de l’aide américaine, et la rupture soudaine des financements paralyse des secteurs vitaux. Six des dix premiers pays touchés sont africains. Santé, éducation, sécurité alimentaire, gouvernance : tous voient leurs avancées mises en péril. Le Plan d’urgence américain pour la lutte contre le sida (PEPFAR) avait sauvé 25 millions de vies grâce aux antirétroviraux. Au Togo, l’USAID prenait en charge 300 000 patients séropositifs et distribuait des millions de moustiquaires contre le paludisme. Sans ces fonds, les hôpitaux démunis ne pourront plus assurer ces soins, et les progrès durement acquis pourraient s’effondrer en quelques mois. Le programme McGovern-Dole nourrissait des millions d’écoliers, garantissant leur assiduité. En Éthiopie, au Burkina Faso ou au Ghana, il représentait souvent leur unique repas quotidien.


Des initiatives comme Feed the Future ont permis à des millions d’agriculteurs de moderniser leurs exploitations et d’accroître leurs rendements. Au Kenya, la productivité des petites fermes a bondi de 60 %. Mais aujourd’hui, des pays comme la Somalie, le Soudan du Sud ou la République centrafricaine risquent de plonger dans une spirale de famine et de crises alimentaires. Sur le front sécuritaire, les financements américains formaient les forces de sécurité et renforçaient la surveillance face aux menaces djihadistes. Des nations comme le Togo, le Nigeria ou encore l’Égypte qui percevait 1,2 milliard de dollars annuels, voient ces dispositifs vaciller. En 2023, l’ensemble des pays arabes de la région Moyen-Orient-Afrique du Nord (MENA) avaient bénéficié de 5,1 milliards de dollars.


Mais au-delà de l’urgence humanitaire, cette rupture révèle une réalité plus crue : la pauvreté et l’extrême fragilité des États africains. Corruption, instabilité politique, inefficacité des structures publiques : autant de maux qui entravent le développement. La responsabilité incombe avant tout aux dirigeants du continent. L’Amérique ne peut être blâmée, alors que le contribuable de New York ou d’Austin réclame, sous la bannière d’America First, un recentrage de ses impôts sur des priorités nationales. Cette crise pourrait être une opportunité historique pour les nations africaines de s’émanciper de l’aide extérieure. Pourtant, les premiers signes sont loin d’être encourageants. Les dirigeants paniqués ne proposent aucune alternative crédible et ambitieuse pour briser ce cycle de dépendance. Alors que dans un contraste saisissant, en l’espace d’une semaine après la fermeture du site internet de l'USAID, de petits États comme la Norvège et la Suisse ont annoncé leur intention de combler en partie, le vide financier laissé par Washington. 

 
 
 

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