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Le triomphe du Franc CFA : la réalité bat le populisme à plate couture


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Si le Franc CFA était une personne, il porterait un smoking impeccable, siroterait un cocktail, et observerait d’un œil amusé les foules qui le conspuent tout en courant désespérément vers lui dès que leur maison économique prend feu. C’est le paradoxe ironique du Franc CFA : honni dans les discours, plébiscité dans les actes. Malgré des diatribes enflammées et des promesses de rupture, la monnaie « coloniale » continue de régner dans les économies africaines francophones. Les populistes africains – et quelques intellectuels européens en quête de sensation – ne manquent pas d’imagination pour fustiger le Franc CFA. Ils le décrivent comme un instrument d’oppression économique, une laisse invisible qui maintient l’Afrique sous le joug de la France, ou encore un poison qui asphyxie les économies locales. À en croire leurs discours, le Franc CFA serait le méchant ultime d’un blockbuster hollywoodien. Mais curieusement, après les discours tonitruants, il se passe… rien.


Les nouveaux maîtres putschistes au pouvoir en Afrique de l’Ouest, qui rivalisent de créativité pour afficher leur détestation envers la France, ont trouvé mille façons d’humilier Paris : renvoi d’ambassadeurs, annulation d’accords militaires, interdiction des baguettes et du camembert (ok, peut-être pas encore ça). Mais toujours pas une seule annonce de rupture avec le Franc CFA ! Silence radio. Il semblerait que l’anti-impérialisme ait ses limites dès qu’il touche à la réalité. Rappelez-vous ces campagnes électorales enflammées, où certains chefs d’État africains, bardés de slogans anti-CFA, promettaient une révolution monétaire imminente. Le Franc CFA, selon eux, était l’incarnation du mal absolu, une relique coloniale qu’ils allaient jeter à la poubelle de l’Histoire. Une fois élus, le grand ménage promis n’a jamais eu lieu. Le Franc CFA continue de trôner dans les portefeuilles, en toute quiétude. Les discours de rupture ont été rangés dans un tiroir, sans doute étiqueté « utopies pour plus tard ». Et que dire des commerçants des zones frontalières ? Ils ont depuis longtemps tranché : le Franc CFA est bien plus fiable. Dans les marchés nigérians ou ghanéens, il n’est pas rare de voir des transactions en CFA. Une ironie savoureuse.


Mais, alors, pourquoi tant de résistances à abandonner le Franc CFA ? C’est simple : le Franc CFA (que je n'aime pas pour d'autres raisons non techniques), malgré les défauts que certains lui attribuent, fait le job. Avec sa parité fixe avec l’euro, il offre une stabilité enviable dans une région où l’économie peut vaciller au moindre souffle de vent. Les pays membres de la zone CFA bénéficient également de réserves de change centralisées. Ce système, bien qu’imparfait, permet de rassurer les investisseurs étrangers. Comparez cela aux économies voisines non CFA comme le Zimbabwe, le Nigéria, où l’instabilité monétaire et les dévaluations imprévisibles refroidissent même les plus téméraires. L'ECO est un projet de monnaie régionale qui devait enfin libérer l’Afrique de l’Ouest du joug du Franc CFA. Annoncé en grande pompe en 2019, il semblait être l’étendard de la souveraineté retrouvée. Mais, le soufflé est retombé aussi vite qu’il était monté. Entre querelles politiques, différences économiques majeures entre les pays membres et absence de consensus sur les critères de convergence, en plus de l'incompétence, la faiblesse économique, institutionnelle et infrastructurelle, l'ECO reste un mirage.


En réalité, même les plus fervents partisans de cette monnaie savent que sans les garanties de stabilité offertes par le système actuel, l’ECO risquerait de devenir un cauchemar économique. Imaginez une monnaie gérée collectivement par des économies aussi hétérogènes que celles du Niger, de la Côte d’Ivoire et du Togo. Rien qu’y penser donne des sueurs froides aux banquiers centraux inexpérimentés dans la gestion des monnaies fluctuantes.

La plus grande victoire du Franc CFA, c’est son triomphe silencieux. Pendant que les tribuns populistes crient à l’asservissement, les gouvernements pragmatiques optent pour le statu quo. Pourquoi ? Parce qu’ils savent, eux, que changer de monnaie ne se résume pas à un simple acte politique. Cela implique une refonte totale des systèmes économiques et financiers, avec des risques majeurs pour les populations surtout dans des pays aussi complexes par la multitudes des problèmes et aux mains des élites particulièrement incompétentes. C'est dans ce contexte chaotique que le Franc CFA puise entièrement sa force. 


 
 
 

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